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Focus – Vendredi 17 mars – 14h

Allartnow

Espace collectif indépendant dédié à l'Art contemporain (Suède - Syrie)
Espace Municipal Georges Conchon, Rue Léo Lagrange, Clermont-Ferrand

AllArtNow a été créé en 2005 par l’artiste Nisrine Boukhari et la programmatrice Abir Boukhari. C’est le premier espace collectif indépendant dédié à l’art contemporain en Syrie. Lorsque la structure a fermé en Syrie fin 2012 afin d’accueillir dans ses locaux des familles syriennes réfugiées, elle est devenu un espace nomade.
L’année 2019 a marqué le début d’une nouvelle ère avec l’ouverture de l’espace artistique AllArtNow à Stockholm. Depuis son lancement, le lieu accueille des artistes locaux et internationaux, des organisateurs et du public. Nous travaillons en collaboration avec des partenaires locaux, régionaux et internationaux.

Pour découvrir AllArtNow, rendez-vous sur : www.allartnow.com

Curatrice : Abir Boukhari

Abir Boukhari est une programmatrice indépendante, basée à Stockholm depuis 2015. Elle est également directrice, programmatrice et cofondatrice de AllArtNow (www.allartnow.com), un espace collectif indépendant dédié à l’art contemporain qui a été fondé à Damas, en Syrie, en 2005, avant de devenir un espace nomade en 2012, lorsque la guerre a éclaté. En 2019, AllArtNow a ouvert son espace de travail à Stockholm (AllArtNowLab), au sein duquel Abir Boukhari a organisé et dirigé de nombreux projets et collaborations.
Son travail peut être défini comme une recherche visuelle transdisciplinaire. Ses projets et ses expositions reflètent son intérêt pour les questions sociales et politiques.
Elle a présenté des expositions et des projets au sein de plusieurs lieux culturels, dont, en Suède, Botkyrka konsthall, The World Culture Museum, le musée du Sörmland et le musée de Jönkoping Läns, et en Finlande, le musée de Pori – et bien d’autres encore.

PROJECTION VIDÉOS :

Présentation du programme :

Into Uncertain Present
La résidence d’artiste est un moyen d’encourager et de soutenir les intellectuels, les artistes et les travailleurs du secteur culturel dans leur recherche artistique et leur développement créatif. Elle favorise la pérennité des idéaux artistiques au sein d’une société ouverte et inclusive.
La crise de la pandémie a révélé la valeur de la créativité, ainsi que des moyens de générer de nouvelles idées en ces temps incertains.
Beaucoup de résidences artistiques ont choisi la voie de l’échange virtuel des expériences artistiques, et de nombreuses interrogations ont surgi autour de la résidence numérique. Serait-elle plus facilement réalisable à l’avenir ? Allons-nous développer et adapter de nouveaux formats de résidence artistique ?
Nous avons tenté l’expérience de la résidence virtuelle entre 2020 et 2022, en organisant trois éditions.
Les résidences se sont déroulées sous forme de webinars, d’abord à l’étape de la proposition de projet, puis en offrant aux artistes des temps de rencontres pour élaborer un concept, travailler sur une nouvelle création, et enfin exposer le résultat dans les lieux de Stockholm ou chez d’autres partenaires.
Notre concept de résidence a été guidé par la citation d’Albert Camus : « J’ai toujours pensé que j’étais étranger à cette ville et que je n’avais rien à faire avec vous. Mais maintenant que j’ai vu ce que j’ai vu, je sais que je suis d’ici, que je le veuille ou non. Cette histoire nous concerne tous. » (A. Camus, La Peste)
Dans ce roman, le narrateur est un étranger qui se retrouve loin de chez lui et de sa femme à cause de la peste qui frappe la ville d’Oran. Cherchant tout d’abord à fuir la ville, il décide finalement de rester pour soutenir les autres, dans un élan de solidarité.
La lutte collective contre la pandémie a mis en valeur une certaine égalité et un sentiment d’appartenance, chacun ayant connu une sorte d’exil dans l’isolement, la séparation avec les êtres chers, et le combat contre la mort. Nous sommes tous des prisonniers qui partagent la peur et les incertitudes du présent.
Voyons-nous l’épidémie comme une catastrophe collective contre laquelle nous devons tous nous serrer les coudes ? Ou vivons-nous une épreuve individuelle qui nous amène à penser que notre souffrance est unique ? La situation encourage-t-elle la solidarité et la compassion entre les êtres humains, ou représente-t-elle une raison de s’incriminer les uns les autres ?

Abir Boukhari

Council of Silence / Diana Jabi / 2022 / Syrie-Roumanie-Espagne / 4’33

L’idée de départ est une réflexion sur la vie par procuration, un symptôme des médias sociaux modernes qui s’est malheureusement aggravé avec le Covid. Étant moi-même une personne introvertie, il m’est de plus en plus difficile de communiquer dans la vie réelle, surtout dans les circonstances exceptionnelles que sont la distance sociale et l’injonction à rester dans sa bulle. J’avais envie de filmer, par petites touches, des lieux fermés, privés, afin de faire ressortir cette impression d’inaccessibilité et cette impossibilité de communiquer. Je suis alors tombée par hasard sur un jardin à demi secret, désert et silencieux, qui a donné une nouvelle dimension à mon regard : je me suis mise à fréquenter tous les parcs que je connaissais en dehors des sentiers battus. Ils étaient déserts et silencieux, c’était parfait. Dans ces parcs désertés, tous ces bancs inoccupés me faisaient penser à une réunion à voix basse – des voix désincarnées, oubliées. Ces voix évoquaient la nostalgie, les regrets, les histoires inachevées, le vague à l’âme, l’attente, le deuil. Ces espaces de silence transitoire me parlaient d’une tristesse que les mots ne peuvent exprimer – j’en ai donc fait des images.

Rereading Liberian Time / Mats Hjelm / 2022 / Suède / 8’21

Lorsque le virus Ebola est apparu en mars 2014, les contacts humains les plus simples étaient fortement déconseillés dans les trois pays d’Afrique de l’Ouest les plus touchés. Il était impératif d’éviter tout contact avec les postillons des personnes infectées. Au Libéria, les gens ont dû changer leur façon de se saluer, de se dire adieu. C’est dans ce contexte que Mats Hjelm a séjourné dans la capitale du Libéria, Monrovia, où il tournait son dernier documentaire. Dans l’impossibilité de rester à Monrovia, Mats Hjelm a délégué son travail à Preston Jackson, travailleur social libérien, le personnage principal de son documentaire. Preston est ainsi devenu à la fois protagoniste et réalisateur du film.
Aujourd’hui, dans un monde ravagé par la pandémie de Covid, l’épidémie Ebola en Afrique de l’Ouest prend un nouveau sens. L’accent est mis sur la rareté des ressources en Afrique subsaharienne, et sur une épidémie qui a touché les jeunes et les pauvres, mais aussi sur ce qu’il est possible de faire grâce à un effort collectif. La pandémie de Covid, en revanche, concerne principalement les personnes âgées, et engendre des dépenses phénoménales qui pourraient être consacrées à des maladies touchant des gens dont l’espérance de vie est plus grande, et à la préservation de l’environnement pour les générations futures.

Attempt to Disappear / Anna Ill / 2021 / Espagne-Royaume-Uni / 5’28

Selon la théorie de Sloterdijk, la première sphère dans laquelle nous évoluons est l’utérus de la mère. Nous venons de ce continent perdu qu’est la matrice, un espace intérieur, clos et intime, dans lequel nous cherchons constamment à nous réfugier.
Attempt to disappear est un projet artistique sur l’impossibilité de faire le deuil de tous ces « continents perdus » que nous avons habités autrefois, qui n’existent plus, et dont il ne reste que les souvenirs que nous portons en nous. En tentant de maîtriser nos désirs intérieurs, de montrer notre vulnérabilité, nous nous perdons. Être perdu, c’est une façon d’habiter un espace en inventoriant ce qui ne nous est pas familier. Cette « désorientation » (absence d’orientation) peut nous donner l’occasion de repenser la phénoménologie de l’espace.
Cette installation vidéo propose une réflexion sur l’intimité du corps, les bribes de souvenirs qui découlent de la proximité et de la distance. Elle met en lumière une dichotomie entre la présence et l’absence que nous vivons chaque jour à travers l’acceptation de ce qui a été perdu.

Londres, 2021, Anna Ill

Three moons appear from three holes in the window / Muhammad Ali  / 2021 / Syrie – Suède / 4’38

Un beau jour, dans mon studio, alors que je mets péniblement en place de nouvelles idées, je remarque trois petites lumières qui effleurent le mur, provenant de trois trous dans ma fenêtre – comme de minuscules petites lunes perdues dans l’obscurité. Je suis fasciné, et c’est comme si le temps s’arrêtait. Ma conscience aiguisée, je sens que les trous de ma fenêtre viennent brûler et perforer mon esprit et mes souvenirs. Des rameaux d’ombre et de lumière viennent agrémenter mon mur d’une danse bénite. Est-ce que ces impressions vont et viennent sans que je ne les remarque ? Est-ce que je passe à côté de ces nuances fugaces lorsque j’ai l’esprit occupé ? Est-ce que je peux trouver en moi l’explication du bonheur intense provoqué par ces moments de lumière éphémère ? Et si je cherchais une explication scientifique à ce phénomène ?
Pour les prisonniers de la caverne de Platon, les ombres dansant sur le mur sont la réalité, et non une représentation du monde réel. Mais existe-t-il une réalité dans l’obscurité ?
Les petites lunes de mon studio s’éclipsent, et mon esprit s’interroge : que se passe-t-il vraiment ? Le studio retombe dans l’obscurité, et la vie reprend son rythme habituel.

Ten laps per hour / Daniela Delgado Viteri / 2022 / Espagne – Equateur / 7’15

Afin de maintenir le lien avec mon pays pendant la pandémie, je me suis consacrée à mes recherches sur des archives audiovisuelles équatoriennes des années 1990 et leur relation avec l’histoire qu’elles racontent.
En utilisant une méthode d’écriture participative, Daniela Delgado Viteri a lancé une série de correspondances avec la communauté équatorienne de Madrid afin de réfléchir sur ces archives. Son but était de s’interroger sur ce qui était montré sur ces images et sur ce qui ne l’était pas. À travers l’écriture collective, cette vidéo entame un processus de réflexion de groupe faisant ressortir les représentations contradictoires de la mémoire d’un pays, tout en dénonçant les oublis de certains récits ou de certains points de vue.
Cette vidéo a été réalisée en collaboration avec Brian Heredia, Juan Cuéllar et Jorge Castrillo.

I Love Me / Felice Hapetzeder / 2021 / Suède / 2’56

Dans cette vidéo, des images ont été assemblées en s’inspirant de Je vous aime, de George Demeny, une expérience photographique de 1891 où l’image est utilisée comme un outil pour aider les malentendants. Le visage tourné vers le soleil pour que l’appareil puisse saisir un cliché de chaque mouvement de ses lèvres, Demeny prononce les mots « Je vous aime ». À l’époque, la pellicule photographique exigeait une grande quantité de lumière. D’un point de vue pédagogique, ce fut un échec, mais l’expérience a fait faire un grand pas vers le cinéma. I love Me remonte le cours de l’histoire de l’art pour renouer avec l’image fixe, tout en intériorisant cette expérience pour évoquer le besoin d’amour propre – comme le veut toute démarche de développement personnel. Si l’invitation à s’aimer soi-même peut être considérée comme d’une grande banalité, c’est pourtant une des choses les plus difficiles à accomplir.

Birds of the Gaspésie / Chantal Rousseau / 2021 / Canada / 3’20

À la fin de l’automne 2020, je suis partie passer l’hiver en Gaspésie, une région très rurale de la province de Québec. Même si je revenais vers la province qui m’a vue naître, je n’avais pas de liens avec la Gaspésie. En janvier 2021, je me suis retrouvée, sans le vouloir, à vivre seule dans un motel, dans une province soumise au couvre-feu. Afin de lutter contre la solitude et de gérer mon angoisse et ma dépression, j’ai passé le maximum de temps à marcher dans les deux parcs côtiers (Pointe-Saint-Pierre et Green Point) situés de l’autre côté de la voie express qui passait devant mon hébergement. Dans ma solitude, j’avais pour seule compagnie les oiseaux, principalement des oiseaux aquatiques de tailles diverses que je voyais pour la première fois, et la faune marine, surtout les phoques, dont une colonie entière s’était formée, au fil de mon séjour, sur un rocher au large du parc. J’ai quitté cette région au début du mois d’avril. Le soir, de ma chambre, j’entendais d’étranges cris rauques venant du dehors.
Cette vidéo est faite d’aquarelles animées représentant certains de ces oiseaux, un mammifère et un biscuit – qui ont ponctué mon séjour en Gaspésie.

Still Presence / Tracy Peters / 2021 / Canada / 5’14

Dans Still Presence, je raconte mes recherches acharnées pour trouver le site caché où a été enterrée mon arrière-grand-mère. Alors que je remue des événements traumatisants de son passé, mes propres deuils, mon isolement et mon acharnement refont surface, à travers le rythme méditatif des fouilles. La distance qui me sépare de mon arrière-grand-mère semble s’estomper, la ramenant au présent pour un nouveau départ.

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